Après tant de temps. Le temps
Ne mesure rien. Après tant
D’attente. L’attente ne mesure rien. Rien.
Après tant de morts, de crucifixions,
De deuils, pourquoi te cherchais-je, tu m’assassines,
Mon envoi douloureux, aiguillon de ma soif
Qui cède déjà devant la recherche insatiable
D’une épine si cruelle, vaine question stérile
Sans mesure, à part mon non-être déjà, ici ni maintenant.
Pourquoi continuer alors ? Pourquoi ? Pourquoi
Te chercher comme l’asile où soigner
La peur de devenir ainsi, plongé dans la jouissance
Et exposé aux éclairs et à la tempête où
Ma mère enfante, est-ce mon destin ?
Pourquoi me refuser, pourquoi te refuser quand
Le coq chante, bleu désir, blessure qui rachète ?
Pourquoi croire que le sommeil, la fuite féroce
De la meute qui m’aima un jour, me sauvera
De tant de deuil, de désolation et de vie ?
Pourquoi te croire mort, pourquoi la soudaineté
De ta paix donnerait-elle la tranquillité et la paix à mon âme ?
Et je continue de m’interroger pendant que tu
M’enfouis dans une brume dense. |