RICHARD
KHAITZINE
À la découverte des
demeures philosophales
Promenades hermétiques |
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GUIDE
NUMÉRO 1
«CES
ÉGLISES PARISIENNES QUI NOUS PARLENT
D’ALCHIMIE»
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-Définitions-
*
Qu’est-ce que l’Alchimie ?
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Également dénommée Art d’Hermès, du nom
du dieu Grec, ou Art de Musique, l’Alchimie est
une Science et un Art. Elle n’a aucun
point commun avec la chimie rationaliste.
L’Alchimie est une philosophie, une
métaphysique. C’est ce qui fit écrire au plus
grand des alchimistes contemporains : « La chimie est, incontestablement, la
science des faits, comme l’alchimie est celle
des causes. La première, limitée au domaine
matériel, s’appuie sur l’expérience ; la seconde
prend de préférence ses directives dans la
philosophie. Si l’une a pour objet l’étude des
corps naturels, l’autre tente de pénétrer le
mystérieux dynamisme qui préside à leurs
transformations. » (Fulcanelli-Les Demeures
Philosophales-Tome1).
Ce même auteur précise :
« Au surplus, il ne nous paraît pas suffisant de
savoir exactement reconnaître et classer des
faits ; il faut encore interroger la nature pour
apprendre d’elle dans quelles conditions, et
sous l’empire de quelle volonté, s’opèrent ses
multiples productions. L’esprit philosophique ne
saurait, en effet, se contenter d’une simple
possibilité d’identification des corps ; il
réclame la connaissance du secret de leur
élaboration. » Contrairement au chimiste qui
s’attache à l’étude de la matière inerte,
l’Alchimiste dirige ses recherches vers
l’animateur inconnu, agent de tant de
merveilles. »
Cette différence qu’établit
Fulcanelli entre la science positiviste et
l’alchimie on peut en retrouver l’écho sous la
plume de l’un de nos plus grands auteurs
populaires du XXe siècle. On peut lire sous la
plume du jovial et facétieux Gaston Leroux, dans
« Le Mystère de la chambre
jaune », cette réflexion du jeune reporter
Joseph Rouletabille, évoquant le mode de travail
du policier Frédéric Larsan : « J’ai cru que
Fred était beaucoup plus fort que cela...
Evidemment, ce n’est pas le premier venu... J’ai
même eu beaucoup d’admiration pour lui quand je
ne connaissais pas sa méthode de travail. Elle
est déplorable... Il doit sa réputation
uniquement à son habilité ; mais il manque de
philosophie... ». Ce qui pourrait passer pour
une coïncidence n’en est pas une, et il y aurait
beaucoup à dire en ce qui concerne l’Oeuvre de
l’auteur du « Fantôme de l’Opéra ».[1]
La seule définition valable
de l’alchimie est celle qu’en donna Fulcanelli :
« L’Alchimie est la permutation des formes par
la lumière, autrement dit le feu, ou mieux
l’Esprit »
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*Demeures Philosophales :
Cette expression désigne « tout support
symbolique de l’hermétique Vérité, quelles qu’en
pussent être la nature et l’importance. À
savoir, par exemple, le minuscule bibelot
conservé sous vitrine, la pièce d’iconographie,
en simple feuille ou en tableau, le monument
d’architecture, qu’il soit détail, vestige,
logis, château ou bien église, dans leur
intégralité. »
LES ACTEURS DU DRAME
ALCHIMIQUE.
* Le Sel
* Le Soufre
* Le Mercure
Les anciens admettaient que
l’Homme possédait une composition trinitaire,
qu’il était constitué d’un corps, d’une âme et
d’un Esprit et qu’il y avait identité de nature
entre la substance ( la matière) et l’essence
des choses ( ce qui en est l’origine). Cette
approche constitue la fameuse théorie de l’unité
de la matière qui fut violemment combattue et
ridiculisée par la science officielle, du moins
jusqu’à ce que les découvertes de la physique
quantique (de quanta : grains d’énergie) aient
bouleversé nos conceptions de l’univers. De nos
jours, les physiciens admettent que, l’origine
de la matière pourrait bien résider dans la
Lumière, voire dans un dynamisme vibratoire, ce
qui est plus exact.
Dans ce système de pensée,
l’Esprit ou essence première volatile donne
naissance à l’âme, celle-ci engendrant le corps
en s’y fixant. Par suite, âme et corps
participent de la nature de l’Esprit. Les
religions n’ont jamais enseigné autre chose.
Aussi ce n’est pas sans logique que le célèbre
texte connu sous le nom de Table d’Émeraude, et
attribué à Hermès, affirme que : «
ce qui est en haut est comme ce qui est
en bas et que ce qui est en bas est comme ce qui
est en haut ». Pour les anciens, il n’existait
pas de différence concernant la constitution des
trois règnes. Ce qui était vrai dans le règne
animal -dont l’Homme- l’était nécessairement
dans le domaine du végétal et du minéral, et ce
qui s’appliquait à notre Terre restait vrai au
niveau de l’Univers.
Le terrain d’élection des
alchimistes fut exclusivement le règne minéral.
Les textes hermétiques, lorsqu’ils mentionnent
le Sel, le Soufre et le Mercure, n’entendent pas
nous parler des corps chimiques vulgaires que
nous désignons par ces noms. Ces trois mots
désignent respectivement le corps, l’âme et
l’Esprit des métaux. Tout l’art de l’Alchimiste,
ou du Philosophe par le feu, comme on le nomme
parfois, consiste à savoir fixer le volatil
(faire descendre l’esprit dans le corps) et à
volatiliser le fixe (spiritualiser le corps ou
matière). Dans ce double processus réside tout
le secret de la vie et de la mort et c’est la
connaissance de ces mécanismes qui fonde
l’Alchimie.
Pour autant, ce fixe et ce
volatil ne se trouvent jamais, dans la réalité,
séparés l’un de l’autre. Car nulle part dans
l’univers on ne saurait concevoir d’esprit qui
ne soit revêtu de quelque matière, aussi ténue
soit-elle, pas plus que de matière qui ne
renferme de l’esprit. Dans la pratique de
l’Oeuvre, l’agent ne se présente jamais sans le
patient, ni le patient sans l’agent. Il n’est
pas de mercure qui ne porte son soufre, ni de
soufre qui ne soit baigné dans son mercure.
Aussi n’est-il pas rare de voir dans les traités
le sel porter le nom de soufre ou celui de
mercure, en fonction de la phase considérée dans
le processus opératif et donc de l’avancement
des travaux. Là réside la première des
difficultés à surmonter, comprendre ce qu’on
lit !
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L’ALCHIMIE...UNE
AGRICULTURE CÉLESTE
Les anciens désignaient
souvent l’alchimie sous le nom d’agriculture
céleste -eux-mêmes se faisant appeler Laboureurs
du Ciel – parce qu’elle offre dans ses lois, ses
circonstances et ses conditions le plus étroit
rapport avec l’agriculture terrestre. De même
qu’il faut une graine afin d’obtenir un épi, de
même il est indispensable d’avoir tout d’abord
la semence métallique afin de multiplier le
métal. Chaque fruit porte en soi sa semence, et
tout corps, quel qu’il soit, possède la sienne.
Le pivot de l’art consiste à savoir extraire du
métal ou du minéral cette semence première.
C’est la raison pour laquelle l’artiste doit, au
début de son ouvrage, décomposer entièrement ce
qui a été assemblé par la nature, car quiconque
ignore le moyen de détruire les métaux, ignore
aussi celui de les perfectionner. Telle est la
raison d’être du célèbre axiome
« Solve-Coagula » (dissoudre et coaguler). Cet
axiome a été magnifiquement illustré, en
littérature par l’écrivain Raymond Roussel
(1877-1933) dans son livre Les Nouvelles
Impressions d’Afrique. En effet, ce livre,
étrange, Roussel le rédigea, puis il le
fractionna, en partie, en cinq textes mis entre
des parenthèses allant d’une parenthèse simple à
des parenthèses quintuples, de façon à obtenir
six textes. Puis il ajouta un septième texte par
voie de notes, à charge pour le lecteur de
réunir les fragments. Cet exercice de style
agace encore la perplexité des exégètes.
Malicieusement, Roussel avait pourtant expliqué,
de son vivant que, primitivement, il avait eu
l’intention de composer son livre à l’aide
d’encres de couleurs différentes, mais qu’il
avait dû renoncer à ce projet en raison du coût
élevé de l’entreprise. Roussel étant
milliardaire à l’époque, on ne peut que s’en
étonner. En réalité, Raymond Roussel souhaitait
attirer l’attention de ses lecteurs potentiels
sur Les Sept nuances de l’Oeuvre, expression qui
s’appliquait tout autant à sa création
littéraire qu’à l’Alchimie, dont l’un des textes
les plus connus porte ce titre. Par conséquent,
Les Nouvelles Impressions d’Afrique n’étaient
qu’une allégorie souriante de l’Art hermétique
et de son axiome. Personne ne s’en étonnera
sachant que Roussel avait pour précepteur un
homme qu’il surnomme, affectueusement, Volcan,
dans un livre posthume, et que ledit précepteur
ne fut autre que le futur signataire du Mystère
des Cathédrales et des Demeures Philosophales :
Fulcanelli.
Ayant obtenu les cendres
du corps, celles-ci seront soumises à la
calcination, qui brûlera les parties
hétérogènes, adustibles, et laissera le sel
central, semence incombustible et pure que la
flamme ne peut vaincre. Ce sel central, les
alchimistes lui ont appliqué les noms de soufre,
premier agent ou or philosophique. Le soufre est
la partie mâle de l’Oeuvre.
Quant au Mercure, ou part
femelle, il constitue la mère et la nourrice de
cette semence d’où naît l’embryon. L’Oeuvre
commence par la recherche des moyens simples et
efficaces capables d’isoler ce mercure
métallique, de le purifier et d’exalter ses
facultés à l’instar du paysan qui augmente la
fécondité de l’humus en l’aérant fréquemment, en
lui incorporant les produits organiques
nécessaires. Tout l’art alchimique se résume à
découvrir la semence, soufre ou noyau
métallique, à la jeter dans une terre
spécifique, ou mercure, puis à soumettre ces
éléments au feu, selon un régime de quatre
températures croissantes. Il y a un parallèle
intéressant à établir entre le bain ou liquide
mercuriel, engendrant l’embryon de Soufre, et le
liquide amniotique au sein duquel se développe
le foetus.
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Origines et supports de
L’Alchimie
L’Alchimie est née en Orient et s’est répandue
en Occident par les voies byzantine,
méditerranéenne et hispanique. Les Arabes
éducateurs des Grecs et des Perses transmirent à
l’Europe la Science d’Égypte et de Babylone. Au
XIIe siècle, ce furent les Croisés qui
importèrent la plupart des connaissances
anciennes de Palestine. Les mythologies, les
religions, la sculpture, l’architecture
religieuse et civile, la peinture, la
littérature, les contes pour
enfants, les comptines et les locutions
populaires, furent autant de véhicules qui, sous
le couvert d’un sens littéral, transmirent des
connaissances ésotériques. Pour ce faire, les
artistes utilisèrent un langage particulier basé
sur les à-peu près phonétiques.
Les rébus, les charades, les homophonies,
les jeux de mots furent autant de moyens dont
usèrent les Philosophes afin de masquer leur
pensée. Ainsi qui s’est aperçu que « Peter Pan »
(la Pierre Universelle) n’était qu’une allégorie
d’Hermès( maître des lieux souterrains, de la
mer et des airs) et de la Pierre Philosophale?
De même, les contes de Ma Mère l’Oye, repris par
Perrault, sont à bien entendre (oyez... oyez...
disaient les anciens pour écouter) et possèdent
la même fonction. Les locutions « faire du
potin, du tintamarre ou un potin de tous les
diables » sont les gardiennes de la Tradition
alchimique et cachent l’identité du métal à
utiliser. Les jeux (de
l’Oie, échecs, Nain Jaune etc...) les fêtes
(Galette des Rois, Chandeleur, Mardi-Gras...)
sont autant de véhicules du symbolisme
alchimique. En sculpture la démarche était la
même et les images remplaçaient les mots. Ainsi,
un Singe, sculpté sur un édifice et montrant ses
fesses, désignait l’Alchimiste, celui qui singe
ou imite la Nature et s’il montrait de façon
impudique son « cul », c’était afin de suggérer
l’anagramme « Luc »: la Lumière, celle dispensée
par la Lune, terme dont le langage populaire se
sert afin de désigner, justement, le
postérieur... et ses deux quartiers!
Si la façade des Cathédrales affecte la
forme graphique de la lettre H
1 c’est pour le même motif. En effet, il
s’agit de l’initiale de Hélios ( le soleil) et
de Héllé (la déesse Lune des grecs archaïques).
Toute faute de gravure ou objet pointé du doigt
par un personnage étaient destinés à attirer
l’attention du visiteur sur le caractère
symbolique de l’oeuvre nécessitant une lecture
différente. Les monuments ou même les objets
comportant un message de nature alchimique sont
dits être des « Demeures Philosophales ». Les
reconnaître est aisé, dès lors qu’ils sont
accompagnés de l’objet suivant:
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Ce ruban, ou listel est un
phylactère, un ornement dont l’équivalent grec a
le sens de « garder, préserver, conserver », car
sa fonction est de protéger le sens occulte de
la composition qu’il accompagne. De même, cette
figure losangée ◊ ou rhombe est souvent l’indice
qu’il vaut mieux se méfier.
En effet, le mot qui, en grec, désigne un
rhombe,visible sur la cheminée du château de la
famille d’Estissac-les protecteurs de Rabelais
dont toute l’oeuvre possède un caractère
alchimique-2 a le sens de « se tromper,
s’égarer, tourner autour de ». Dans le domaine
de la littérature populaire, même au XXe siècle,
nous retrouvons d’amusantes allégories. Ainsi,
comme nous l’avions déjà donné à entendre,
Arsène Lupin, par exemple, gentleman-cambrioleur
force les portes les plus hermétiquement closes,
tout comme les coeurs féminins, et toujours avec
« Esprit ». Quoi de plus normal puisqu’il est
une image du « Mercure » qui, comme lui, est
insaisissable et change de formes et de noms à
volonté?3 Et, d’ailleurs, le dieu grec Hermès,
devenu le Dieu Mercure des Romains, n’est-il pas
le patron des voleurs? On notera, avec amusement
que le prénom de Lupin, Arsène, est proche
phonétiquement de Larsan, personnage de Gaston
Leroux, policier et meurtrier. Larsan et Arsène
désignent le mâle, l’Homme. Si Leroux appela
ainsi son criminel, c’est afin de rappeler ce
que disent les Alchimistes des métaux, à savoir
que ces derniers, dans la mine, « ont été tués
par l’industrie humaine ». Nous verrons
ultérieurement que Le Mystère de la Chambre
Jaune n’est pas seulement une énigme policière
visant à expliciter comment l’assassin s’y est
pris afin d’entrer, puis de sortir d’une pièce
hermétiquement close...ce qui se montre déjà
très allusif de l’Alchimie.
Si Arsène Lupin symbolise
le Mercure alchimique de L’Oeuvre, qualifié de
blanc, les personnages de Gaston Leroux,
« souffrent » tous parce qu’il en fit des
allégories du « Soufre », acteur de l’Oeuvre au
rouge.
Sur un plan technologique,
le Théâtre d’Ombres du célèbre cabaret
Montmartrois « Le Chat Noir (1881-1897), cabaret
qui fut fondé par l’Alchimiste Fulcanelli et ses
amis, tous membres du gotha artistique,
politique et industriel de l’époque, ainsi que
le cinématographe des frères Lumière, reposent
sur le principe de « la permutation des formes
par la lumière », dont nous avons dit qu’il
s’agit de la définition exacte de l’Alchimie.
La transmutation des métaux
en or est-elle possible?
La
réponse est oui, bien qu’elle soit de peu
d’intérêt et ne soit pas le but recherché. En
fait il s’agit d’un simple test destiné à
prouver que l’Alchimiste est sur la bonne voie,
celle qui mène à l’obtention de la Pierre
Philosophale qui lui permettra d’accéder à « une
forme d’immortalité » et non à l’immortalité
physique. La transmutation en argent ou en or
des métaux (étain, plomb...) se réalise à l’aide
de deux sortes de poudres dites de
« projection ». L’or obtenu est à 24 carats,
mais plus pur que l’or en circulation, ce
dernier comportant des impuretés, ce qui n’est
pas le cas de l’or alchimique. Au début du XXe
siècle, un alchimiste français se présenta à
l’Hôtel de la Monnaie afin de vendre sa
production -76 kilos d’or alchimique.
L’Administration se saisit de cet or au prétexte
qu’il était interdit de savoir le fabriquer.
L’affaire fit quelque bruit. Outre ce fait, les
preuves matérielles et historiques de
transmutations effectuées et réussies abondent.
Des pièces obtenues à
partir d’or alchimique ont été reproduites dans
la « Revue Numismatique » de 1867. Lesdites
pièces furent frappées chez le Landgrave de
Hesse et à la cour du Roi de Suède
Gustave-Adolphe. En 1648, à Prague, le Roi
Ferdinand III assista à une transmutation et fit
frapper une médaille avec l’or obtenu. Il existe
de nombreuses autres pièces et médailles de ce
type. La preuve la plus éclatante de
l’authenticité des transmutations est de nature
juridique. Au XVIIIe siècle, Lascaris,
pourchassé, trouva refuge au château de la
comtesse Anne-Sophie d’Erbach. Afin de remercier
la Dame, Lascaris proposa de transmuter sa
vaisselle d’argent en or. Lascaris transmuta une
vieille bassine. Le lingot obtenu fut analysé
par un orfèvre et reconnu comme étant bien de
l’or. La Comtesse confia toute sa vaisselle
laquelle fut transmutée d’argent en or.
L’affaire eut des suites. La Comtesse vivait
séparée de son époux Frédéric-Charles, or ce
dernier ayant appris l’histoire de cette
transmutation, réclama sa
part au prétexte qu’il s’agissait d’une
augmentation du capital familial. Il fut débouté
par arrêt du Tribunal de Leipzig, en 1733
(Putonei, Enunciata et consilia juris Leipsiae,
1733).
Quant à la recherche de
« l’Immortalité » la place nous manque pour en
traiter, d’autant que pour comprendre, il nous
faudrait rédiger de longs
développements concernant les relations entre la
philosophie fondamentale du Bouddhisme
d’origine, selon laquelle le «
monde est illusion », et le nouveau credo
de la physique, laquelle reconnaît que la
matière n’existe pas en tant que telle, qu’elle
est « un comportement sensible, un événement
devenu tangible », autrement dit qu’elle est
virtuelle et en perpétuel devenir. Ce propos
n’est pas sans résonance avec un film américain,
devenu déjà culte: « Matrix » (la Matrice). Ceci
trouve un écho curieux avec le fait que
l’Alchimiste cherche à réaliser l’union de la
lumière et de la matière et que, pour ce faire,
il commence par préparer la « matrice » que
constitue ladite matière. « L’immortalité » en
question doit se concevoir comme une traversée
du « miroir des apparences », ainsi que suggéré
par Jean Cocteau dans « Orphée ».
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L’Alchimie est-elle
catholique ?
Le terme catholique
possédant l’acception d’universelle, l’alchimie
est effectivement catholique. Pour autant, il
serait téméraire de vouloir la subordonner au
dogme de l’Église et ce serait mettre la charrue
avant les boeufs ! Il est probable que les
Alchimistes, héritiers de la Gnose d’Alexandrie,
n’ignoraient rien des conditions douteuses qui
présidèrent à l’apparition des dogmes chrétiens.
Ils usèrent de la l’hagiographie chrétienne
comme ils l’avaient fait de la mythologie et du
panthéon païen, afin d’illustrer leurs propos.
Contrairement à ce que
voudraient donner à entendre certains milieux
officiels, les cathédrales et les églises ne
sont pas uniquement des lieux voués
exclusivement au culte. Le caractère profane de
l’inspiration des lapicides qui en exécutèrent
la statuaire suffirait à démontrer l’inanité
d’une telle thèse. Ce furent les Frimasons ou
Francs-Maçons du moyen-âge qui édifièrent les
chefs-d’oeuvre du Gothique, encore dénommé Art
Ogival. L’Art Gothique ne doit rien aux Goths,
il est expression de l’argotique ou de l’art
goétique. Les Frimasons étaient des argotiers ou
argo-nautes et usaient du langage parlé sur le
navire Argo, vaisseau( mot ayant anciennement
aussi le sens de vase) menant Jason à la
conquête de la Toison d’Or. Ce mythe n’est, au
demeurant, qu’une allégorie expressive et naïve
de l’une des voies alchimiques, celle qualifiée
d’humide, par opposition à la voie dite sèche.
Cette langue, était la Langue Verte : l’Argot,
le langage des initiés, la cabale phonétique, le
petit langage des enfants, le pun, la langue du
cheval de Jonathan Swift, le gay-sçavoir, le
lanternois, la gaye-science de Rabelais, le
jobelin, le coquillard de François Villon, la
Langue des Oiseaux, ou des oisons, selon la
forme ancienne, à l’époque de Marie de France,
expression à entendre, en franglais :
oie-sons... les Fils de l’Oie. L’art gothique
est l’art χο (cot), mot grec signifiant lumière.
Par suite, le Gothique est l’art de la lumière
ou de l’Esprit. Par suite, il n’est pas étonnant
de constater que les monuments religieux soient
des pendants de l’architecture civile et aient
servi de supports au symbolisme hermétique et
alchimique. Les églises et cathédrales nous
parlent moins la Langue des grenouilles de
bénitier, que la Langue des Oiseaux.
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Les fondements du
christianisme
Les faits rapportés comme
historiques par les religions ne sont pas plus
authentiques que ceux mentionnés au sein des
mythologies et, à ce titre, sont loin d’avoir
valeur de paroles d’évangiles. Concernant le
christianisme, il est bon de rappeler, en bref
et sans vouloir être polémique, les faits
suivants :
Après la défaite de
Juda-bar-Juda-fils de Juda le Gaulonite, Messie
(messiah en hébreu et christos en grec)
historique, c’est-à-dire oint ou consacré et
descendant de David, prétendant légitime au
trône d’Israël, la nation juive vit ses
espérances décliner. En 70, Titus pille
Jérusalem. La rébellion va gronder une dernière
fois, menée par Bar Kocheba (le fils de
l’Étoile... celle mentionnée comme étant
radiante qui se trouve associée au rejeton de la
race de David, par le Christ chrétien- ce qui
est pour le moins troublant
et inexplicable si l’on use d’une lecture
littérale- au sein de l’Apocalypse du pseudo
Jean. C’est que contrairement à ce que l’on nous
en dit aujourd’hui, ce texte n’a jamais été un
livre prophétique. Il s’agissait d’un manifeste
guerrier et politique prêché à l’encontre des
goïms ou non-juifs dès le premier siècle. Ce
texte, qui n’existe pas encore imprimé- il ne le
sera qu’un siècle plus tard- est en fait le tout
premier livre du canon catholique connu sous la
dénomination de Nouveau Testament. Croire qu’il
s’agit du dernier livre prouve une
méconnaissance totale des hébreux et de
l’histoire de cette période. En effet chacun
sait que les juifs écrivent de droite à gauche,
contrairement à nous, et qu’ils classent de
même, à l’envers. Par conséquent, ce qui est le
premier texte pour nous, s’avère être le dernier
pour un lecteur hébraïque ; ceci se vérifie dans
la version juive de l’Ancien Testament, puisque
la Genèse en est le dernier passage et non le
premier.
Bar Kocheba était le
petit-fils de Juda-bar-Juda, le prétendant au
trône, crucifié par les romains à l’âge de
cinquante ans. En 135, l’Empereur Hadrien passe
la charrue sur Jérusalem, rasant la cité. La
révolte juive est définitivement éteinte...
Dans les premiers siècles,
la Palestine devient la plus grosse entreprise
de fabrication de faux en matière de religion.
Petit à petit sont fabriqués l’Apocalypse (IIe
siècle), à partir des Cinq Livres du Rabbi ou
Commentaires de Papias, puis les Lettres et
Actes des Apôtres. Saül, persécuteur des
Christiens (et non chrétiens, il s’agit d’une
secte juive nationaliste) est transformé en
Paul, par falsifications
successives des scripteurs – suppression du
tréma et remplacement du S par un P- afin
d’occidentaliser son nom. L’évangile selon Jean
est rédigé à partir de l’évangile gnostique de
Cérinthe et des textes d’Hermès. Trois autres
évangiles sont fabriqués, entre les IVe et VIe
siècles, les synoptiques (évangiles se
recoupant) qui, en fait ont été synoptisés... ce
qui n’est pas tout à fait la même chose ! Ces
textes seront censurés, manipulés, sujets à des
interpolations postérieures et tardives. Ces
manipulations suffisent à expliquer qu’aucun
manuscrit des évangiles, dits canoniques,
formant le Nouveau Testament, ne puisse être
présenté qui soit antérieur au IVe siècle.
Tous les Pères de l’Église
furent des auteurs Juifs, écrivant en grec, à
destination d’un public juif, dans un esprit
juif. Ils portaient tous des noms juifs, mis
plus tard à la mode occidentale. Les preuves de
cette supercherie abondent. Concernant les faux
en écriture dont il vient d’être question, l’une
des meilleures preuves de cette assertion nous
est fournie par l’un des Pères de l’Église et
non des moindres .Ainsi, Eusèbe (IVe siècle)
mentionnant Irénée (IIe siècle) indique que ce
dernier tenait des disciples que le Christ
« avait prêché jusqu’à sa cinquantième
année » !!!? Au IVe siècle, les Pères de
l’Église ignoraient donc que le Jésus des
Évangiles était mort à trente-trois ans !
Dans le même ordre d’idées,
comment expliquer que le pseudo Jean, après
avoir été martyrisé, se soit échappé par la
Porte Latine et ce au 1er siècle, alors qu’elle
ne fut construite qu’au IIIe ? Ceci suffirait à
prouver l’invention tardive de cette fable.
Le Jésus des Évangiles fut
« incorporé » tardivement à l’Eon (l’Esprit) des
gnostiques, puis fut divisé en plusieurs
personnages, tous aussi fictifs : St Jean, dit
le Baptiste, St Jean l’Apôtre, St Jean auteur de
l’Apocalypse. Là aussi, les preuves abondent,
pour ceux qui savent lire, qui ne s’arrêtent pas
à la lettre et ne se contentent pas d’idées
reçues ou fabriquées...
Au-delà de ces
mystifications littéraires sur ce Jésus, ou Juda
de chair, fut greffé l’éternel mythe
luno-solaire, puis le symbolisme alchimique
transfuge des mythologie de Sumer, de Babylone,
d’Égypte, de Grèce et de Rome. Le mythe chrétien
étant plus linéaire, ne comportant plus un
panthéon de dieux et de déesses multiples,
localisé dans l’espace et dans le temps, devint
un exposé hermétique simplifié.
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LA VISITE
L’église Saint Paul et
Saint Louis-
Située sur l’ancien
emplacement du cimetière Saint-Paul, où fut
enterré le célèbre, à défaut d’être identifié,
Masque de Fer, cette église intrigue par
l’association des noms de ses saints patrons.
Concernant Saint-Paul, nous avons vu,
préalablement, ce qu’il faut en penser au plan
historique et religieux. Quant à Louis IX, l’on
peut raisonnablement se demander en quoi il
mérita d’être qualifié de Saint puisque, après
tout, il fut responsable d’un génocide lors de
la croisade menée à l’encontre des Albigeois. Il
convient donc d’aller y voir de plus près.
Avant même d’entrer, le
visiteur, s’il prend la peine de lever les yeux,
sera surpris de découvrir sur la façade un
blason lequel, conformément à l’étymologie du
mot, lui fera d’intéressantes confidences
héraldiques[2]. Ce blason porte trois fleurs de
lys et une étoile à huit branches ou Rai
d’escarboucle. Dans le domaine, extrêmement
codifié, de la science héraldique, le rai
d’escarboucle désigne toujours la possession de
la Pierre Philosophale. Cette interprétation
héraldique nous est, d’ailleurs confirmée par la
lecture du Roman de la Rose. Si Guillaume de
Lorris nous y décrit la Fontaine de Narcisse,
son confrère Jean de Meung préfère nous
entretenir de la Fontaine de vie sise dans un
cercle où brille l’escarboucle. Le Roman de la
Rose ou « toute l’art d’amour
est enclose » étant un roman à clefs et la Rose
désignant le plus souvent la Pierre
Philosophale, ou le Soufre philosophique la
livrant, nous sommes fixés.
Quant aux 3 lys –ainsi
orthographié ce mot ne désigne pas la fleur
ordinaire, il évoque plutôt la lumière- ils
suggèrent les trois Pierres des traités
alchimiques, à savoir le soufre philosophique,
l’élixir ou or potable et la Pierre
Philosophale.
L’Horloge du fronton nous
renseigne également, sans pour autant se limiter
à nous donner l’heure. Placée au centre d’un
soleil et de la lune, ladite horloge nous
rappelle, si besoin était que l’or dont il est
question en Alchimie n’est pas le métal natif.
L’écrivain écossais James Barrie, auteur de
Peter Pan (l’étymologie en est : La Pierre
Universelle ou Philosophale), exposa ce point
d’une façon amusante. Souvenons-nous... Le
Capitaine Crochet passe au vert dès qu’il entend
l’inquiétant tic-tac annonçant la présence, dans
les parages immédiats, du crocodile vorace qui,
non content de lui avoir dévoré le bras, a
englouti une horloge ! L’explication de ce clin
d’oeil réside dans le fait que le crocodile
s’était vu consacré une ville par les égyptiens.
Emblème du dieu Toth, inventeur du comput
lunaire, le crocodile était également associé à
la lune. Quant à Toth, il fut assimilé à Hermès
puis à Mercure. Mais pourquoi cette référence à
une horloge ? Parce que jusqu’au XIVe siècle,
cet objet était dénommé oriloge, ce qui
phonétiquement s’entend l’Or y loge. Où loge
donc cet or ? Dans la Lune et le Soleil si
manifestement mis en évidence par l’horloge de
l’église St-Paul-St Louis. La lettre H, ajoutée
après transformation de ce mot, confirme cette
interprétation puisque, dans son graphisme,
ladite lettre –comme l’êta de l’alphabet grec-
symbolise l’Esprit, ce mystérieux dynamisme
présidant à la vie de tout ce qui est. C’est ce
H, initiale de hélios (le soleil) et de héllé(la
lune) qui peut se contempler au fronton des
cathédrales dont la façade en affecte la forme
caractéristique.
À l’intérieur, sur la
gauche, le visiteur s’arrêtera devant le tableau
représentant Joseph et son fils oeuvrant dans
leur atelier. Si, dans la réalité, Joseph ne put
être débordé par l’ouvrage, les charpentes étant
déjà rares à l’époque, en Palestine, il est
certain que cette toile peut se montrer loquace.
Les outils, ainsi que le triangle délimités par
la règle, sont fortement évocateurs du
symbolisme maçonnique, celui d’avant la Pierre,
celui de la maçonnerie forestière ou... du bois,
laquelle était opérative et préoccupée, à ce
titre, de l’Oeuvre qualifié de Grand. Notons que
les coquilles des bénitiers furent offertes par
Victor Hugo en l’honneur du baptême de son
premier enfant : Adèle. Poursuivant son périple,
le promeneur sera sans doute fortement étonné en
découvrant les étranges panneaux de bois
recouvrant les murs.
Que peuvent bien signifier
ces nez, de formes variés, ornés de moustaches
et placés au centre d’un sujet bordé de plumes.
Ce n’est pas le moment de céder à
l’assoupissement, auquel invite l’argotique
plumard, mais plutôt l’instant d’avoir le
nez creux ou du nez. Le rébus est - à condition
d’avoir de l’intuition et en l’occurrence du
flair- relativement aisé à comprendre, d’autant
que l’expression cela se voit comme le nez au
milieu de la figure possède la signification de
c’est très apparent. Telle est également
l’étymologie du terme phanère (en grec
phaneros : apparent) qualifiant, notamment, des
plumes. En ajustant sa vision l’observateur
s’apercevra que ce plumage est celui d’une
chouette, très stylisée. Les Grecs
avaient fait de cet oiseau nocturne -et
par conséquent consacré à la Lune- l’emblème de
la déesse Athéna, présidant à la sagesse et à la
connaissance, connue aussi sous le nom de
Pallas. Les Alchimistes du passé se firent,
d’ailleurs, appeler fréquemment Chevaliers de
Pallas. Le symbolisme d’Athéna est riche en
enseignement. Mais pourquoi la chouette d’Athéna
se trouve-t-elle associée à un nez et à des
moustaches ? C’est ce que nous allons essayer de
comprendre. Athéna est l’équivalent de la déesse
sumérienne Anatha (Reine du ciel...la Lune).
Après avoir avalé Métis la
Titanide, Zeus fut pris de violents maux de
tête. Héphaïstos(Vulcain) lui ouvrit le crâne à
l’aide de son coin et de son maillet. De la
brèche, ainsi pratiquée, sortit Athéna. Sous le
mythe transparait le symbolisme alchimique.
Héphaïstos (le feu secret) est l’artisan de
cette naissance. De Zeus (ou Iu-pater, le dieu
père, le soleil) et d’Athéna (la lune) va naître
la matière nécessaire à l’avancement du
Grand-Oeuvre. Rappelons-nous qu’à Athéna
(également nommée Pallas) était consacré le
cheval, celui-là même dont la statue fut
introduite dans Troie : le palladion. Ce mot
signifie Pierre. Palladia
possède le sens de choses jetées du ciel. Le jeu
de la Marelle au cours duquel les enfants
(pallas désigne aussi indifféremment les jeunes
filles et les jeunes garçons) poussent de la
Terre vers le Ciel un palet se montre tout aussi
expressif. Enfin, si nous ajoutons que Iahu (la
colombe d’en haut), à Sumer, désignait la Lune
visible, avant d’échoir à Iahvé Créateur, nous
serons en possession de tous les élément
nécessaires, puisque la Colombe a toujours été
le symbole de l’Esprit.
Revenant à nos panneaux, il
serait bon de se souvenir que moustaches a pour
synonyme bacchantes (de bacché, déchaînée,
furieuse), les favorites de Bacchus. Ces
bacchantes possèdent la même signification que
les Furies ou Trois Érinyes dont les prêtresses
portaient des masques de Gorgones (étymologie :
les farouches) dont le regard pétrifiait...
transformait en Pierre. Est-assez clair ? Ces
nez à bacchantes nous invitent donc à découvrir
une chose née exclusivement d’un homme, d’un
père, comme Athéna de Zeus! En grec, ΄Αθηνά
(Athèné) est formé d’un a privatif et d’un mot
signifiant nourrice, mère. Athéna est donc celle
née sans mère.
Dans l’antiquité romaine,
on appelait peplum ( en grec πέπλος ou πέπλα )
un voile orné de broderie dont on habillait la
statue de Minerve (Athéna chez les grecs), fille
de Jupiter. S’agissant d’un vêtement féminin,
d’un voile de femme (χάλυμμα). Pour comprendre
ce que masque ce péplum symbolique, il faut
savoir que Κάλυμμα vient de χαλύπτω, couvrir,
envelopper, cacher,, qui a formé χάλυξ ,bouton
de rose, fleur, et aussi
Καλυψώ, nom de la nymphe Calypso, reine de l’île
mythique d’Ogygie que les Hellènes nommaient
΄Ωγύγιος , terme voisin de ΄Ωγυγια, lequel a le
sens d’antique et de grand. Cette fleur du Grand
Oeuvre ou rose mystique, c’est la Pierre
Philosophale.
Le symbolisme d’Athéna
permet de comprendre les raisons qui incitèrent
l’homme qui signa Fulcanelli à faire figurer un
hippocampe sur son blason, reproduit à la fin du
Mystère des Cathédrales. Dans ses armoiries,
l’hippocampe s’élevant de la champagne (tiers
inférieur de l’écu) figure le soufre, la partie
mâle de l’Oeuvre qui génère la Pierre parce que,
chez les chevaux-de mer, c’est le mâle qui porte
les petits dans une poche et en accouche.
Le promeneur pourra ensuite
s’arrêter dans les deux chapelles latérales,
situées au fond de l’église, afin d’y admirer
les sculptures en bois représentant des jeux
d’enfants enguirlandés, dont les sexes sont
masqués, le plus souvent. Ici, il ne s’agit pas
de débattre du sexe des anges, mais bien d’une
illustration des parts mâle et femelle, fixe et
volatile, entrant dans l’Oeuvre. Les ailes des
enfants jouant sur terre, sont là pour nous
rappeler que les notions de mercure et de soufre
sont ambivalentes selon qu’elles s’appliquent à
l’une ou à l’autre des phases du processus.
Levant la tête, le visiteur pourra admirer les
superbes caissons du plafond, lesquels
véhiculent tout le symbolisme classique de
l’Alchimie : Soleil et Lune, cette dernière avec
ses phases, l’étoile du matin sur laquelle un
vaisseau règle sa route et indiquant la voie
humide, la rose, emblème du Soufre évolué et
donc de la Pierre, l’Athanor ou fourneau
Philosophique, et non un four matériel... Quant
au palmier, visible dans un jardin fermé il est
là pour nous rappeler la proximité du phoinix
égyptien, signifiant palmier et du Phénix,
oiseau mourant et renaissant de ses cendres, au
milieu du feu, et qui est l’emblème de la Pierre
Philosophale...
Le détail le plus étonnant
de cette visite, demeure malgré tout l’immense
toile représentant la mort de Louis IX ,dit
Saint Louis et signé Jacques Ninet de L’Estaing,
dont il est inscrit qu’il mourut en 1662, à
Troyes, sans que soit précisé sa date de
naissance. Une vérification
dans les annuaires consacrés à la peinture
révèle qu’il n’exista aucun peintre de ce nom,
et que la toile en question est attribuée à
trois peintres différents, à l’identité
incertaine, variant de Lestain, à Lettin , en
passant par un certain nombre de variantes.
Quant à la date de décès, elle est située en
1661 ! Toute faute de gravure ou erreur dans un
texte avait, pour les artistes d’autrefois
valeur de signal. Ces fautes volontaires étaient
destinées à attirer l’attention sur la nature
ésotérique ou hermétique de l’oeuvre. Ici,
l’artiste s’est surpassé, nous livrant le nom du
métal élu, lequel fournit le Mercure tant
convoité et caché dans tous les textes. Dans
l’immédiat, contentons-nous de dire, qu’en
graphie romane Louis et Iovis sont des
équivalents et que Iovis est le nom de
Jupiter-Zeus ! Sachant qu’à Zeus est attribuée
la couleur bleue, celle justement du manteau des
rois de France, visible sur
le tableau, nous sommes en possession d’une
première information. Les fleurs de lys semées
sur ce vêtement en précisent le sens, ainsi que
nous l’avons vu. Les dieux grecs ou latins sont
toujours associés aux métaux. À Zeus
correspond... l’étain. On pourrait d’ailleurs se
demander pourquoi un métal d’aussi peu de valeur
et d’aspect aussi terne a été choisi -autant
dire élu- afin d’être associé au plus grand des
dieux... d’autant que la cause semble être
entendue. En effet, les textes tendraient plutôt
à évoquer le plomb, la stibine, la galène, voire
l’antimoine, d’autant qu’ils font souvent
référence au vieux Saturne. Basile Valentin
lui-même n’a-il pas désigné ce minerai en lui
consacrant un livre entier Le Triomphe du char
d’Antimoine ? Alors ? Doit-on se montrer plus
royaliste que le roi, que le spécialiste en la
matière ? La vérité oblige à répondre que oui.
Les vieux maîtres malicieux n’ont jamais hésité
à faire prendre des vessies pour des lanternes
et ce au sens que donnait à ce mot Messire
Rabelais, lequel était passé maître en
Lanternois, à savoir des
sornettes. L’antimoine dont nous parle les
livres est qualifié d’Antimoine des philosophes
et ce dernier n’a rien en commun avec la
substance ordinaire. Il va nous falloir aller
voir plus loin...
Quant au second patron de
l’église, il n’est pas inutile de constater
qu’il est représenté tenant une épée et, donc,
porteur du fer. Quittons l’église afin de
poursuivre notre promenade et suivons la rue de
Rivoli. Chemin faisant, et histoire de passer le
temps agréablement, sans en perdre, nous
pourrons évoquer l’énigme historique de L’Homme
au Masque de Fer.
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L’énigme du Masque de fer
L’énigme historique du
Masque de Fer est sans doute l’une des plus
mystérieuses de l’Histoire de France. Qui fut le
prisonnier anonyme que Louis XIV fit emprisonner
dans la forteresse de Pignerol, puis transférer
dans l’île de Sainte Marguerite, et qui finit
ses jours à la Bastille ? Les prétendants ne
manquent pas. L’hypothèse la plus plausible
semble concerner Eustache Dauger de Cavoye, un
frère bâtard de Louis XIV. Toujours est-il que
« l’emmuré vivant », lorsqu’il décéda, fut
enseveli dans le plus grand secret au cimetière
Saint-Paul, à proximité de l’église dont nous
avons vu les singularités. Mais comment se
fait-il que la mémoire populaire et la
légende-ce qui est du pareil au même- se soient
emparées de cette histoire, voulant à tout prix
qu’il se soit agi d’un frère jumeau du
Roi-Soleil, et ce contre toute logique et vérité
historiques ? Serait-ce parce que, alors que
l’un, prénommé Louis ou Iovis, brillait en toute
liberté, et était l’incarnation terrestre du
Dei-Pater-Zeus-Jupiter, le second était mis à
l’ombre, derrière des barreaux... de fer. Il
faut croire que ce détail avait une réelle
importance, puisque cette même tradition
populaire-il est vrai sous l’influence de
Voltaire- voulait que le visage du prisonnier
soit dissimulé derrière un masque de fer, dont
il est avéré qu’il ne s’agissait que d’un simple
loup. Ultime jubilation du hasard, si
fréquemment invoqué par les garants de la
culture officielle et aseptisée, lorsqu’ils ne
peuvent masquer leur ignorance, l’Homme au
masque eut pour gardien, détail au demeurant
exact - Monsieur de Saint-Mars. Le dieu Mars,
Arès chez les Grecs, étant toujours associé au
fer, doit-on une nouvelle fois invoquer une
miraculeuse et providentielle coïncidence. En
résumé, cette vision populaire d’un frère jumeau
du Roi semble être une variante du mythe des
Dioscures, les fils de Zeus : Castor et Pollux.
Ces Dioscures, dont l’église
catholique tira Saint-Gervais et Saint-Protais.
Louis XIV se trouva associé
à une anecdote, parfois rapportée comme
historique, et qui pourrait bien relever, elle
aussi du mythe hermétique. Le monarque, de
passage en Provence, alla visiter la Charteuse
de la Celle-Roubaud aux Arcs-sur-Argens où le
corps de Sainte Roseline et, en particulier ses
yeux, étaient demeurés intacts après trois
siècles : « L’éclat surnaturel du regard de la
sainte, trois siècles après sa mort, lui fit
craindre une supercherie. Il fit intervenir son
médecin Antoine Vallot : la piqûre faite sur
l’un des yeux par le médecin armé d’une aiguille
fit disparaître tous les doutes. Le résultat de
cette constatation est encore manifeste
aujourd’hui ; l’oeil percé par cette piqûre
s’est flétri, l’autre à conservé son
intégrité. » Il y a, sans que l’on s’en doute,
derrière cette horrible histoire un monumental
calembour qui, une fois encore, avait pour but
de souligner le nom du métal masqué par tous les
auteurs. [3] Ultime précision, la légende
populaire voulut également que l’Homme au Masque
de Fer ait été le véritable Roi de France et,
par conséquent qu’il y ait eu substitution
d’enfant à la naissance, et ce contre toute
vraisemblance. Le peuple voulut aussi que le
prisonnier se soit prénommé Dieudonné. Serait-ce
parce que, justement, ledit prénom, peu répandu,
évoque ce Don de Dieu indispensable et
nécessaire à qui veut entreprendre le Grand
Oeuvre ? Reste que, dans ce mystère historique,
le corps emprisonné pourrait bien faire
référence à celui du métal élu, dont nous allons
continuer à suivre les traces, tout comme
Rouletabille le fit, dans Le Mystère de la
Chambre Jaune, pistant les pas tour à tour
grossiers et élégants de l’assassin. Et puisque
nous évoquons de nouveau ce roman, pourquoi ne
pas en dire un peu plus et en relever quelques
singularités très expressives.
Gaston Leroux y met en
scène un vieillard (image parlante de celui
symbolisant la matière alchimique), le
Professeur Stangerson, travaillant sur « la
dissociation de la matière ». Ce savant a une
fille : Mathilde Stangerson laquelle doit
épouser un certain Robert Darzac. Relevons que
Leroux nous précise que la Demoiselle « est un
grand caractère », ce qui invite à relever les
lettres majuscules : M et S, initiales qui
abondent dans l’oeuvre de Jules Verne (Michel
Strogoff, Mathias Sandorf...) et propices à
évoquer le Mercure et le Soufre. Mademoiselle
Stangerson a été victime d’une tentative
d’assassinat et Rouletabille est persuadé que
Darzac connaît le nom de l’agresseur, mais ce
dernier observe un mutisme de plomb. Comme
Darzac est innocent, il semblerait que nous
devions envisager une autre piste. Ceci est
confirmé par le chapitre XII au sein duquel
Rouletabille remet en cause les hypothèses du
policier Frédéric Larsan. Après avoir évoqué une
pierre ayant servi à lester des souliers
compromettants, Rouletabille affirme ne pas
croire à la culpabilité du Vieux serviteur (le
Loyal Serviteur des textes hermétiques, le plomb
des Philosophes), en raison du
« trop grand nombre de faux témoignages
de son passage laissé par l’assassin » afin de
faire accuser ce personnage. Leroux,
parfaitement au courant de certains travaux
alchimiques, ceux de Fulcanelli, par ce discours
à double entendement,
suggérait que « le plomb
n’est pas le métal à envisager, même si nombre
de textes semblent le désigner... » Dans ce cas,
quel est-il ? Quel est le métal meurtrier du
Mercure ( dont Mathilde Stangerson est
l’emblème, la racine de son nom Stan étant
révélateur du premier métal). Dans le roman,
l’assassin étant Frédéric Larsan, l’anagramme
nous livrant fer arsenical, nous connaissons à
présent le nom du meurtrier... enfin presque. En
effet, lors de l’épilogue, Rouletabille affirme
que lui connaît les deux moitiés de l’assassin,
la véritable identité de Larsan. Quelle est
l’identité d’origine de Larsan- ou celle du
métal fournissant le Premier Mercure ? C’est ce
mystère que nous allons tenter de résoudre en
poursuivant notre périple.
Poursuivant notre
promenade, nous passons devant la Tour
Saint-Jacques, située dans l’ancien quartier
Saint-Jacques de la Boucherie (évoquant un autre
savoureux personnage de Gaston Leroux :
Chéri-Bibi, le forçat assassin, poursuivi par la
fatalité, ex-garçon boucher, ayant une soeur,
religieuse, prénommée Jacqueline, et dont
l’existence semble placée sous le signe d’une
infinie Souffrance. Son numéro de matricule le
confirme, puisque 3216, ou 32-16, désigne le
nombre et le poids atomique du Soufre en chimie,
selon la table des éléments). Ce quartier fut
celui qu’habita le célèbre alchimiste Nicolas
Flamel (étymologiquement : le vainqueur de la
Flamme). Deux rues se croisant, en forme de
creuset, nous conservent le souvenir de l’homme
et de son épouse : les rues Flamel et
Perrenelle. Plus loin, dans les jardins du Forum
des Halles, construit sur l’emplacement de
l’ancien cimetière des Innocents, où fut
enseveli ce couple, nous voyons se dresser,
contre la Bourse du Commerce, placée sous la
tutelle d’Hermès-Mercure, une étrange colonne.
Sur cette colonne nous pouvons lire le célèbre
monogramme, constitué de la lettre H, encadrée
de deux D, dont l’un est inversé. Ce monogramme,
les historiens voudraient qu’il constituât celui
d’Henri II et de sa concubine Diane de Poitiers.
Cela paraît peu judicieux. En effet, cette
colonne est un vestige de l’observatoire que fit
édifier Catherine de Médicis pour son
astrologue, et empoisonneur patenté, Cosimo
Ruggieri. Doit-on croire, dès lors que la Reine
de France aurait poussé la complaisance jusqu’à
faire sculpter l’initiale de son royal époux à
côté de celles de sa
maîtresse ? Certes non ! La lettre, équivalente
de l’êta, chez les grecs, par son graphisme a
toujours été prise pour le symbole de l’Esprit,
de ce dynamisme vibratoire, ou agent, permettant
d’ouvrir les métaux morts, de les ramener à la
vie en les rendant philosophiques. Quant au
double D, il est fortement évocateur du Donum
Dei ou Don de Dieu, la grâce, qualifiée de
nécessaire et suffisante -comme le Mercure est
dit nécessaire et suffisant pour commencer et
parfaire l’Oeuvre Divin-
Nous arrivons à présent
devant l’église Saint-Germain l’Auxerrois. De là
fut sonnée le 24 aôut 1572, à minuit, la
Saint-Barthélémy. Ceci est un fait historique.
Mais n’est-il que cela ? Quelques secondes plus
tard, nous étions le 25, jour de la
Saint-Louis...Et cela adopte une intéressante
résonance pour les étudiants de la
Sainte-Science, tout comme ils ne peuvent
qu’être frappés par ce massacre des Innocents
protestants, venant en rappel d’un autre
génocide plus ancien et n’ayant, celui-là,
qu’une valeur symbolique. Dans le calme du
porche, jadis multicolore et doré, repeint il y
a plus d’un siècle, puis décapé, se découvre la
figure d’un acteur bien connu du Grand Oeuvre :
le Fou. Il brandit sa marotte sur laquelle se
devine encore l’image d’une vieille femme, à la
retombée des nervures de la voûte, contre le mur
de la façade, au nord de la porte centrale. Dans
le langage des Initiés, le Fou traduit
indifféremment leur mercure ou l’alchimiste, en
raison d’une part de la volatilité et de
l’inconstance de ce mercure, d’autre part de la
simultanéité entre ses transformations et celle
de la psyché de l’opérateur au cours des
épreuves qu’elle subit. Quant à la marotte,
attribut habituel des fous de cour, Fulcanelli y
voit l’équivalent du caducée de Mercure, plus
transparent dans son ésotérisme que la verge aux
serpents. Son nom est identique à mérotte :
« petite mère » et souligne la nature féminine
et la vertu génératrice du mercure hermétique,
mère et nourrice du roi ou embryon de soufre.
Sur la façade, parmi nombre
de motifs, peut se voir un singe, tournant le
dos, et montrant de façon impudique ses fesses.
Comme précisé antérieurement, le singe était
parfois pris pour emblème de l’alchimiste
lui-même, ce dernier singeant la nature. Quant
au postérieur, mis en évidence, il nous rappelle
que le peuple lui donne les noms de cul
(anagramme de Luc) et de Lune, lequel se montre
encore plus évocateur. Cette Lune, nous la
retrouvons au sommet de la porte sud, en une
étonnante figure, et dominant les sinuosités
d’un pied de vigne.
Si l’architecture
religieuse française est caractérisée, sur le
plan de la structure, par l’emploi de la croisée
d’ogives, il faut reconnaître que c’est la
section de ce système de voûte par un plan
vertical qui a donné lieu à l’arc brisé, second
caractère formel de cette architecture. On sait
que l’arc brisé se dessine au moyen de deux arcs
de cercle de rayons égaux, élevés sur
l’horizontale des centres et se joignant en un
point supérieur appelé le tiers point,
c’est-à-dire le troisième point. L’arc brisé est
donc avant tout un arc en trois points. Il porte
la signature des constructeurs médiévaux qui a
perduré dans le compagnonnage et dans les loges
contemporaines sous la forme des trois points de
la franc-maçonnerie spéculative. L’arc brisé
figure par conséquent une triade dont les deux
premiers termes sont les centres des deux arcs
de cercle, le centre de l’un faisant partie de
la circonférence de l’autre. Le troisième terme
est le point supérieur, à la rencontre des deux
cercles, qui structuralement assure l’équilibre
de l’ensemble. L’arc de gauche appartient au
cercle de droite : celui du Soleil. L’arc de
droite appartient au cercle de gauche : celui de
la Lune. L’intersection des deux, le tiers
point, correspond à la conjonction mensuelle des
deux astres, souvent soulignée, et comme
matérialisée, dans le ciel crépusculaire, par la
courte apparition de Vénus, somptueux joyau du
soir ou du matin associé, suivant un rythme
régulier, soit à la lune décroissante au lever
du jour, soit à la lune croissante à la tombée
de la nuit. Comme Vénus-Lucifer et Vénus-Vesper
dans le ciel du grand monde, le sceau étoilé se
montre à l’opérateur parmi les premiers rayons
au matin de ses travaux dans le petit monde de
l’Oeuvre, puis à l’Adepte au soir de sa vie,
dans la rougeur du soleil couchant. Il semble
que durant la période flamboyante les
constructeurs aient voulu souligner sa présence
au tiers point des arcs brisés, en y plaçant des
figures en rapport avec son symbolisme. Ainsi au
sommet des arcs des travées nord et sud du
porche ont été sculptés, sur l’un un phénix, sur
l’autre une rose[4] qui, l’un comme l’autre,
désigne l’enfant né de l’heureuse union du
Soleil et de la Lune, la pierre philosophale
accomplie.
Germain, prénom du
Saint-Patron de cette église, vient de germe et
de ana, qui veut dire en haut. En lutte contre
l’Arianisme, en route pour Milan, Germain
annonça qu’il « aurait à souffrir beaucoup »[5].
Ce « germe venant d’en haut et devant souffrir »
met l’attention en éveil, et ce pour les motifs
suivants.
Fulcanelli rappelle que le
Mercure est un sel, ce qui contient un calembour
et une anagramme. Ce sel est dit double et ana.
Ceci s’explique par le fait que, parlant du
Mercure en tant qu’essence, les vieux Maîtres
jouaient sur SeL, abréviation de Soleil et Lune,
les deux astres en assurant l’origine et la
propagation. Fulcanelli, rappelait que
« le Mercure est la
colonne, la base et le fondement de l’Oeuvre ».
Les sculpteurs, ayant oeuvré en l’église
Saint-Germain l’Auxerrois, illustrèrent ce point
à leur façon poétique et naïve. En nous
déplaçant sur la gauche, nous ne pouvons manquer
de voir, sur une colonne des anges, aux ailes
refermées, puis se déployant. Comment mieux
illustrer la volatilité du Mercure, de l’Esprit
qu’il convient de fixer, d’autant, qu’en
égyptien, colonne se dit Thot et que ce mot
désigne le Dieu-Lune dont les grecs firent
Hermès, puis les latins Mercure ?
Sur la colonne suivante,
l’ange prend son envol. Sur la troisième
colonne... surprise... plus la moindre trace de
l’ange. Il a disparu. Nous le retrouvons,
grandi, en pied, fixé, c’est-à-dire assis sur la
colonne suivante. Sa position est remarquable.
L’un de ses bras dessine la lettre L, inversée,
l’autre bras schématise la lettre U ou V, quant
aux jambes, elles sont croisées et indiquent la
lettre X. Ce rébus se lit LUX : lumière, nous
confirmant ce que nous savions déjà, à savoir
que l’Alchimie repose sur le principe de la
permutation des formes par la lumière. Il y
aurait beaucoup à dire encore concernant
certains des détails de cette église, mais le
temps nous presse, et il nous faut gagner
Saint-Merry...
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Église Saint-Merry
Située dans le quartier qui
fut, au moyen-âge celui des ribaudes, l’église
Saint-Merry possédait, au XIXe et début du XXe
siècles, une réputation satanique par suite de
la présence de deux ornements singuliers. Dans
les années 50 et 60, on pouvait encore voir
nombre de péripatéticiennes exercer leurs
activités, que la morale réprouvait mais
tolérait avec une certaine dose d’hypocrisie,
dans la rue Saint-Denis et ses abords. Avec la
venue de la spéculation immobilière, ce commerce
périclita et, de nos jours, comme le chantait la
môme au nom de Pierrot, à savoir Édith
Piaf, « la fille de joie est triste
là-bas au coin de la rue ». Toujours est-il que
trouver des prostituées à proximité d’une
église, où les Alchimistes parisiens se
donnaient rendez-vous le Dimanche, ne manque pas
de sel. En effet, les alchimistes, entre autres
noms, appelaient prostituée de l’Oeuvre, leur
matière qualifiée de vile. Dès 1361, le verbe
prostituer avait le sens d’avilir. Quant au mot
ribaude, s’il dérive de riber : « faire le
débauché », il est riche d’enseignement. Ainsi
ribaudequin, désignant un engin de guerre,
provenait de ribaude signifiant un canon.
Ribler, proche parent de riber, possédait le
sens de « frotter » et s’appliquait à l’action
d’ « aiguiser une meule, en polissant sa
surface, en la frottant contre une autre ». La
meule ou le rémouleur sidéral étaient toujours
pris par les alchimistes pour l’image de la
Lune. Plutôt drôle est l’assimilation faite par
l’argot populaire entre meule, employé avec la
marque du pluriel, fesses et Lune ! Le terme
riblon, de la même famille que les précédents et
dérivant de riban (frotter), désignait un déchet
de ferraille utilisé dans la fabrication de la
fonte de seconde fusion.
Cette incursion dans le
domaine de l’étymologie va nous conduire à des
rapprochements historiques et symboliques
étonnants. L’origine de cette église fut une
chapelle consacrée à saint Pierre, l’apôtre
ayant renié son divin Maître avant que le coq
n’ait chanté trois fois et qui entendit, avec
stupeur, Jésus le traiter de « Satan ». Ladite
chapelle, était située au nord de Lutèce, auprès
de laquelle était venu se fixer et mourir Saint
Merry après son pèlerinage à Saint-Denis ( de
Dionysos). Saint Denys, qui n’est que la version
chrétienne du Dionysos grec, fut décapité à
l’aide d’une épée en fer. La notion de nord est
à rapprocher du rôle historique de la basilique
(du grec basilikê : royal), proche de basilic
(du grec basiliskos : petit roi), le reptile
fréquemment représenté sur les églises et
cathédrales. Les alchimistes appellent leur
embryon de Soufre « régulus » ou petit-roi. Les
Rois de France étaient enterrés à Saint-Denis et
de la même façon que le monde tourne autour du
pôle pour se retrouver semblable à lui-même, le
principe de la royauté se renouvelait
symboliquement à Saint-Denis d’où le nouveau Roi
faisait mine de revenir quand le précédent y
avait été enseveli. Le trajet s’effectuait par
cet axe nord-sud de la ville, devenu aujourd’hui
la rue Saint-Denis. Bernard Roger, dans son
admirable livre Paris et l’Alchimie[6] précise :
« Saint-Merry, dont le nom
rappelle la sonorité du grec én mérei (de
méros : partie, portion, part de temps, tour,
alternance) et signifiant : » à son tour, tour à
tour », semble bien personnifier ce principe
dionysiaque de renouvellement autour d’un pôle
dont il marque la direction en se fixant au nord
de Lutèce, auprès de cette chapelle consacrée à
l’apôtre Pierre... »
Alors que l’on s’attendrait
à trouver le sigle S. M désignant Saint-Merry,
nous y déchiffrons V. M., ce qui, en phonétique,
revient au même puisque V (cinq) est un homonyme
de saint. Un saint étant aussi un vénérable, ce
sigle peut se lire Vénérable Maître. En haut de
la porte sud, faisant le pendant à un lièvre
(symbole de la Lune), peut se voir un petit
ours, et non un chien comme le prétendent
certains auteurs. Cette petite Ourse, date de la
restauration de 1842 et prouve que les
compagnons maçons avaient conservé la tradition
du symbolisme polaire de Saint-Merry.
À cette même date, fut
sculpté, au-dessus de la porte centrale, un
petit sujet hermaphrodite, pourvu de cornes et
d’ailes, qui ne contribua pas peu à donner à
cette église sa réputation sulfureuse. Cette
sculpture représente le baphomet, la figurine
tant reprochée aux Templiers et qui n’est qu’un
résumé de l’Alchimie. Son nom provient du grec
et Fulcanelli nous en dit : «
Baphomet vient des racines grecques Βαφεύς ,
teinturier, et μής , mis pour μήν , la lune ; à
moins qu’on ne veuille s’adresser à μήτηρ,
génitif μητρός , mère ou matrice, ce qui revient
au même sens lunaire, puisque la lune est
véritablement la mère ou la matrice mercurielle
qui reçoit la teinture ou semence du soufre,
représentant le mâle, le teinturier,- Βαφεύς –
dans la génération métallique. Βαφή a le sens
d’immersion et de teinture. Et l’on peut dire,
sans trop divulguer, que le soufre, père et
teinturier de la pierre, féconde la lune
mercurielle par immersion, ce qui nous ramène au
baptême symbolique de Mété exprimé encore par le
mot baphomet . Celui-ci apparaît donc bien comme
l’hiéroglyphe complet de la science, figurée
ailleurs dans la personnalité du dieu Pan (tout,
universel) image mythique de la nature en pleine
activité... »
Bernard Roger, dans son
beau livre précité, précise : « Quant au petit
hermaphrodite(...) il ne saurait mieux justifier
sa présence qu’au travers des acteurs du drame
alchimique, parmi lesquels il trouve une
ressemblance frappante avec le Rebis, être
bisexué né des amours d’un vieillard et d’une
jeune vierge, fixe et volatil, personnage
central, polaire, principe de l’Oeuvre voué à la
destruction, et dont la mort doit donner
naissance au phénix, jeune roi ou pierre
philosophale triomphante. Au pied de
l’archivolte, de part et d’autre de la porte, un
dragon ailé et un dragon aptère rappellent la
nature des deux protagonistes minéraux du début
des travaux. »
Ce phénix est rappelé, à
l’intérieur de l’église. L’étonnante chaire de
1753, possède un dais soutenu par deux palmiers,
dont nous avons vu, antérieurement que le nom
grec jouait avec celui de l’oiseau de feu. Les
vitraux, sont l’oeuvre de quatre maîtres
verriers : Héron, Jacques de Paroy, Chamu et
Jean Nogare et furent posés vers 1560. Côté
gauche de la nef, la première fenêtre est
consacrée à la vie de Sainte-Marie Madeleine,
d’après la Légende Dorée de Jacques de Voragine.
Les médaillons évoquent la vie de la sainte dans
le désert puis à la Sainte Baume et enfin, son
transport, par les anges, au ciel. Ce n’est pas
pour rien que la tradition populaire, au mépris
de toute vraisemblance, fit de Marie-Madeleine
une pécheresse, voire une femme de mauvaise vie.
Madeleine, symbolise la Prostituée de l’Oeuvre,
autrement dit le mercure évoluant vers le soufre
après sa purification et ses souffrances dans le
désert, puis placé dans l’athanor philosophique
(la Sainte Baume), et sublimé par son union avec
le soufre (ascension). Cette interprétation est
d’ailleurs à rapprocher de l’épisode de
l’Évangile selon Saint Jean, nous disant que
Marie- Madeleine fut la première à rencontrer le
Fils de Dieu, après sa résurrection, et qui
ayant fini de souffrir, se transformait en
Pierre Philosophale, nom que le peuple français
lui attribuait et ce jusqu’au XIVe siècle, non
sans raison. Or, l’évangile nous dit que
Marie-Madeleine le prit pour le jardinier.
Nombre d’alchimistes du passé se comparaient
justement à des jardiniers ou adoptaient des
pseudonymes en relation avec l’horticulture. À
la deuxième fenêtre, on distingue une
résurrection de Lazare dont le symbolisme
alchimique est transparent, tout comme
l’histoire de Sainte Agnès, dont le nom indique
l’origine ignée (de la nature du feu) et qui fut
conduite, selon la légende, en un lieu de
prostitution, faisant l’objet du vitrail de la
deuxième fenêtre, sur le côté droit de la nef.
Mais il est grand temps de mentionner et
d’analyser le vitrail, jugé par d’aucuns
scandaleux et qui oublient que la pierre de
scandale est également, la pierre d’angle, celle
qui fut rejetée, toutes expressions que
s’applique le Christ. Situé dans le transept
nord, ce vitrail est composé de croissants
lunaires enlacés et d’un coeur flamboyant, au
centre, dont le symbolisme est solaire. En
outre, ledit vitrail montre, dans sa partie
supérieure un pentagramme inversé. Tous les
ouvrages relatifs à l’occultisme associent le
pentagramme inversé à l’image du bouc et, par
conséquent à Satan. Il convient de préciser que
les anciens considéraient l’occulte,
cabalistiquement parlant comme le Culte du
Soleil (O) et de la Lune C. Faisant face à ce
vitrail, côté sud, une autre composition,
figurant la crucifixion, retient l’attention. Le
Messie y est représenté, entouré d’ailes rouges,
entrecroisées, dessinant, également en rappel du
vitrail nord, la forme d’un pentagramme inversé
et ceci afin de souligner le passage de
l’Apocalypse, déjà mentionné, où Jésus se
déclare « Étoile radiante du
matin ». Cette étoile, celle du berger, est la
Vénus Vesper-Lucifer. Ce détail suffirait à
prouver que l’Apocalypse, manifeste guerrier est
aussi un texte hermétique. Si tel n’était pas le
cas, on ne voit pas pourquoi le fils de Dieu se
comparerait à l’Adversaire. Là réside le noeud
gordien de cette affaire et qu’il va falloir
trancher.
Il s’agit d’un magistral calembour destiné
à livrer la seconde moitié de l’identité de
l’assassin, ainsi que le fit dire Gaston Leroux
à Rouletabille... le second métal, ou plutôt le
premier puisque Larsan s’était forgé, au
préalable, une solide réputation de criminel
sous un autre nom. Si les initiales de Saint
Merry évoquent, comme celles de Mathilde
Stangerson, le Mercure et le Soufre, elles
peuvent signifier, de même, Spiritus Mundi,
l’Esprit du Monde, l’Esprit Saint, le Mercure
Universel ou Sel vert Un. Toutefois, il serait
bon de se souvenir que Merry, en ancien français
signifiait Joyeux, ce qui nous ramène aux
ribaudes, aux filles de Joie et à Jupiter
(Jovis). Cette étymologie va nous être confirmée
par le calembour du vitrail. Satan n’a jamais eu
d’existence que dans l’imagination des prêtres
de l’Église qui voulurent diaboliser les anciens
dieux païens. Pareillement, ils attribuèrent le
chiffre 4, symbolisant le matériel, à Satan.
Quant aux alchimistes, ils en firent leur
Antimoine, celui des Philosophes, le grand
Adversaire des Moines, parce que Satan est
l’anagramme de Stana et que stanum désigne
l’Étain, métal de Zeus-Jupiter et
d’Hermès-Mercure, divinités auxquelles furent
attribués le coq et le 4 de chiffre[7].
La notation de l’étain en
Alchimie et de Jupiter en Astrologie affecte la
forme de ce chiffre. Ceci est vérifiable avec le
quatrième arcane majeur du jeu de Tarot, où
l’Empereur, de par sa position, schématise ce
chiffre. Comprend-t-on mieux pourquoi le coq en
étain, faisant office de girouette, réside au
sommet de nos églises ? Or le pentagramme
incriminé est bien situé au nord, localisation
géographique qui jamais ne voit la lumière. Par
conséquent, de ce côté...Tout est éteint !
L’abréviation du mot saint
(St), elle-même, était destinée à suggérer le
nom du métal élu, sacré et saint. Avant que le
symbole de l ‘étain ne devienne Sn, sa notation
chimique était St. Il n’est pas jusqu’à la
présence d’orgues, dont les tuyaux sont
constitués de ce métal, qui ne soit
destinée à évoquer l’Art de Musique, autre nom
de l’Alchimie. Enfin, nous auront été complets
en soulignant que Marcel Schwob, en une étude
consacrée à l’Argot français, et mentionnant le
Jargon des Coquillars, précise que, du temps de
François Villon, le jeu de la Marelle était
désigné sous le nom de saint-marry ou
saint-joyeux.
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[1] :
Du point de vue de l’étymologie, ce titre se
lit : « Le Fantôme de l’Oeuvre »,
lequel correspond à ce que les alchimistes
nomment « leur Mercure » ou Mercure des
Philosophes, l’artisan du Grand Oeuvre,
lequel comme Protée, chez les grecs,
apparaît, disparaît, change de nom et de
forme... tout comme un célèbre
gentleman-cambrioleur répondant au nom d’
Arsène Lupin. Nous y reviendrons un peu plus
avant...
1 :
H comme son équivalent êta en grec ou Hé en
hébreu, est le symbole de l’Esprit ou de
l’énergie vitale.
2 :Rabelais
se disait « Abstracteur de
Quinte-essence ». Cette Quinte ou 5e
essence est le 5e élément,
l’Esprit ou Mercure Universel des
Alchimistes. Rabelais est l’auteur de Cinq
Livres, chacun étant consacré à un élément.
Les auteurs des scénarios des films de
Besson ont fait de même.
3:
Sur ce sujet, lire « La Langue des Oiseaux »
de Richard Khaitzine (éditions Dervy) –
[2] :
Ce terme, outre qu’il dérive du grec
blaisos( qui ne s’exprime pas
nettement), est à rapprocher de l’ancien
français bléser et blaisement
(zézayer, bégayer). Les armoiries sont dites
chantantes ou parlantes quand elles livrent
en rébus ou par une charade le nom de leur
propriétaire. Blason a livré l’argot
blaze (le nom) et son dérivé blazer,
vocable exporté Outre-Manche qui nous est
ensuite revenu par la langue anglaise. Il
est surprenant de noter que la tradition
catholique fit de St Blaise le saint-patron
guérisseur des maux de gorge !
[3] :
Pour plus de détails concernant cette
légende, celle du Masque de fer, de la
Joconde, des Bergers d’Arcadie et
du tableau de l’église St-Louis-St-Paul,
lire Les Faiseurs d’or de
Rennes-le-Château , de Richard Khaitzine
–éditions MCOR
[4] :
hélas, ces motifs, encore visibles il y a de
cela quelques années, sont, depuis, tombés
en poussière.
[5] :
cf : Bréviaire Romain et La Légende Dorée
de Jacques de Voragine
[6] :
éditions Umbra Solis
[7] :
Ce chiffre fut adopté, pour des raisons
identiques par diverses corporations
ouvrières : constructeurs et typographes
notamment .
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