Le retour du fils prodigue

EUGÉNIO BOLÉO, O.P.
Dominicano português radicado na Bélgica


Prédication Jeudi Carême 1 Avril 2018

Cantique :  CA 12  strophes 1 à 4  

Introduction

Pour notre prière de ce jeudi je vous propose une méditation à partir de la parabole du fils prodigue que Rembrandt a peint quelques mois seulement avant sa mort.

Beaucoup de personnes, et moi je suis une d’elles, grâce au génie de Rembrandt dans ce tableau ont pu découvrir des facettes de Dieu et de son Amour pour nous.

Rembrandt, O regresso do filho pródigo

Prions avec le psaume 90 (91) un psaume de confiance. 

Psaume 90 (91) versets 1 à 13    (Psautier vert pg ;139) 

Évangile selon Saint Luc  (Lc 15, 11-31)

Jésus dit encore à ces disciples : « Un homme avait deux fils.

Le plus jeune dit à son père : “Père, donne-moi la part de fortune qui me revient.”

Et le père leur partagea ses biens.

Peu de jours après, le plus jeune rassembla tout ce qu’il avait, et partit pour un pays lointain où il dilapida sa fortune en menant une vie de désordre.

Il avait tout dépensé, quand une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin.

Il alla s’engager auprès d’un habitant de ce pays, qui l’envoya dans ses champs garder les porcs.

Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui donnait rien.

Alors il rentra en lui-même et se dit :

“Combien d’ouvriers de mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim !

Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi.

Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. Traite-moi comme l’un de tes ouvriers. Il se leva et s’en alla vers son père.

Comme il était encore loin,

son père l’aperçut et fut saisi de compassion ;

il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers.

Le fils lui dit : “Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.”

Mais le père dit à ses serviteurs :

“Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller, mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds, allez chercher le veau gras, tuez-le,

mangeons et festoyons, car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.”

Et ils commencèrent à festoyer.

Or le fils aîné était aux champs.

Quand il revint et fut près de la maison, il entendit la musique et les danses.

Appelant un des serviteurs, il s’informa de ce qui se passait.

Celui-ci répondit : “Ton frère est arrivé, et ton père a tué le veau gras, parce qu’il a retrouvé ton frère en bonne santé.”

Alors le fils aîné se mit en colère, et il refusait d’entrer.

Son père sortit le supplier.

Mais il répliqua à son père : “Il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis.

Mais, quand ton fils que voilà est revenu après avoir dévoré ton bien avec des prostituées, tu as fait tuer pour lui le veau gras !”

Le père répondit : “Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi.

Il fallait festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé !”»


Homélie

Au lieu de s’appeler « Le retour du fils prodigue » le tableau aurait pu s’appeler « L’accueil du père compatissant »

Et la parabole que nous appelons « Le fils prodigue » pourrait être appelée « Parabole de l’Amour du Père »

Le tableau c’est une merveilleuse expression humaine

de la compassion divine.

Chaque détail du personnage du père nous parle de l’amour divin pour l’humanité.

Nous remarquons que Rembrandt n’a pas suivi littéralement le texte de la parabole. Saint Luc a écrit : « Comme le fils était encore loin, son père l’aperçut et fut touché de compassion. Il courut se jeter à son cou et l’embrassa longuement. »

Rembrandt a choisi de représenter le père comme un vieillard presque aveugle, calme, qui reconnaît son fils non pas avec les yeux du corps, mais avec le regard intérieur de son cœur.

Les mains qui reposent sur les épaules du fils prodigue sont les instruments du regard intérieur du père.

Le père quasi aveugle voit loin et large.

Quand nous connaissons des personnes qui voient tout qui remarque tout, même s’elles ont d’amitié pour nous, cela crée facilement une distance.

Combien de personnes ont été éduqués avec l’idée de ce regard de Dieu qui voit tout et surtout des aspecta de notre faiblesse ont suffert fr cela !

Mais si quelqu’un nous voit « avec le cœur »

Et si Dieu nous voit avec son cœur, il y a une proximité très libératrice.

Rembrandt dans  ce vieillard presque aveugle veut signifier l’amour de Dieu.

Un amour éternel un regard qui embrasse toute l’humanité.

C’est un regard de compréhension pour l’égarement des hommes et des femmes de tous temps et de tous lieux,

Dieu connaît avec une compassion immense la souffrance de ceux  qui ont choisi de quitter la maison paternelle.

Le cœur du père est plein de l’ immense désir de ramener ses enfants à la maison.

Les mains du père dégagent une lumière  qui vient du cœur du père.

Elles ne cherchent qu’à guérir.

Est-ce ce Dieu  dans lequel nous voulons croire  c’est un père qui dès la création a tendu ses bras en geste de bénédiction qui n’impose jamais, mais qui attend toujours ?

Ce qui constitue le centre du tableau de Rembrandt ces sont les mains du père. C’est sur elles que toute la lumière est concentrée

En elles la miséricorde se fait chair

Ces mains sont les mains de Dieu. Mais elle sont aussi les mains de mes parents, de mes professeurs, de mes amis, de mes médecins et de tous ceux qui Dieu m’a donnés pour me rappeler combien je susi protégé.

 

Certainement nous le savons déjà mais il est toujours bon de regarder du père sont différentes l’une de l’autre.

La main gauche, posée sur l’épaule du fils, est forte. Les doigts couvrent une bonne partie de l’épaule et du dos du fils.

Cette main semble non seulement toucher mais, grâce à sa force, également soutenir.

La main droite ne fait pas  le geste de tenir. Le doigts ont une certaine élégance. La main repose légèrement sur l’épaule du fils. Elle veut caresser, offrir consolation et réconfort.

C’est la main d’une mère

Dans le tableau le père est aussi mère.

Il soutient et elle caresse.

Il confirme et elle console.

Il est vraiment Dieu en qui la paternité et la maternité sont totalement présentes.

Dans le tableau regardons le fils ainé droit qui se contente d’observer.

C’est difficile d’imaginer ce qui se passe dans son cœur.

« Comment va-t-il répondre à l’invitation de son père pour aller se joindre à la fête ? 

Quand au cœur du père nous n’avons aucun doute : son cœur est ouvert aux deux fils ; il les aime tous les deux ;

il espère les voir ensemble, comme frères et enfants du même père.

Quand nous laissons nous toucher par cette parabole du père et de ses deux fils perdus

elle nous rappelle aussi que c’est Dieu qui nous a choisi en premier

Pendant une bonne partie de nos vies nous faisons nos possibles pour trouver Dieu, pour Le connaître et pour L’aimer.

Ce tableau nous aide  à nous demander si pendant nos rechercher de Dieu, nous avons  eu conscience  que Dieu essayait de nous trouver à chacun de nous.

Notre question « comment vais-je trouver Dieu, » se change en « comment vais-je me laisser trouver par Dieu ? »

Dieu me cherche essayant de me trouver avec le grande désir de me ramener à sa maison.

Toute la vie et la prédication de Jésus n’avait qu’un but : nous révéler cet amour illimité, maternel et paternel de Dieu

et nous montrer le chemin pour que cet amour guide nos pas dans la vie quotidienne.

Dans ce tableau du père, Rembrandt nos offre une image de cet amour qui veut toujours nous accueillir à sa maison et qui veut toujours faire la fête avec nous.


Psaume 139 (138)      Traduction libre  par JMVC

Maitre vigilant

amour léger mon âme

mon aube vive

Tu me connais par le cœur

par le cœur Tu sais tout

Refrain :Tu me connais par le cœur

par le cœur Tu sais tout

 

Du moindre de mes mots

de mon plus étroit sentier

de ma plus fugitive pensée

et de ce monde étrange

qu’abrite mon sommeil

lorsque la vie se rêve

Tu es le familier

 

Refrain :Tu me connais par le cœur

par le cœur Tu sais tout

 

Au ventre de la vie

dans la chaleur de grotte de ma mère

lorsque la patience brodait

une enfance d’homme .

selon la trame de l’amour

Tu contemplais le mystère nu

en tisserand ravi

 

Refrain :Tu me connais par le cœur

par le cœur Tu sais tout

 

Sur Ta bible d’amour

mes actes sont inscrits

au livre de Ta tendresse

mes journées sont comptées

dès avant leur naissance

et mon temps nulle part

n’échappe au berceau de Ta main

 

 

Refrain :Tu me connais par le cœur

par le cœur Tu sais tout

 

Si mon jour s’obscurcit

et que la mort s’annonce

si la moelle du temps

sèche en moi comme un glas

et que l’ombre soit reine

Ta nuit me donne vie

et mon néant T’adore

Refrain :Tu me connais par le cœur

par le cœur Tu sais tout

 

Sable d’éternité

sagesse inapprochable

mon Dieu passant

mon centre indéchiffrable

Tu sais tout de mon désir

mes glaciers mes deltas

et mon coeur du dedans .

 

Refrain :Tu me connais par le cœur

par le cœur Tu sais tout

 

Magnificat      (Psautier vert pg ;263)

 

Intercessions et Notre-Père

Présentons à Dieu nos demandes: le Seigneur est proche !

1 A tous ceux et celles qui peinent, qui souffrent, qui désespèrent,

donne, Seigneur, de chercher leur force

dans la certitude de ta présence.

 

A tous ceux et celles qui sont assaillis par les’ préoccupations

et l’inquiétude,

donne, Seigneur, de tourner vers toi leurs soucis

en une prière de confiance.

 

A tous ceux et celles, que la violence et la haine

agressent de toutes parts,

donne, Seigneur, de recevoir de toi le courage de l’espérance.

 

A tous ceux et celles qui cherchent en vain un sens à leur vie,

donne, Seigneur, de rencontrer

Celui qui les cherche,

Jésus, le vivant.

 

Prière de conclusion