Il y a, paraît-il et c'est, du moins, le cinéma qui nous le dit, des rencontres du troisième type. Et il y en a de singulières, en ce qu'elles d'un individu. De l'Individu stirnérien. De celui (ou celle) dont on peut dire. Ecce homo.
Je viens de faire une telle rencontre. Ou, plutôt, deux rencontres.
D'abord, celle d'un homme. Maimianno Cobra que, d'emblée, j'ai pu nommer mon frère parce qu'en lui, j'ai reconnu l'humain qui a réfléchi ma propre humanité. Double reconnaissance du Moi et de l'Autre. Double affirmation d'une liberté humaine, justement fondatrice de l'humanité. Encontre fraternelle de mutuelle reconnaissance. Rencontre d'un homme ; rencontre plus que fortuite: rare quand l'ère actuelle est celle du troupeau, d'un troupeau docile au point de n'avoir point de mémoire, même collective, pour se choisir un berger allemand.
Ensuite, celle d'une musique[1]. D'une musique singulière, unique, c'est-à-dire, humaine. Une musique dans laquelle, moi, le béotien, j'ai voyagé comme on voyage dans le désert où l'on découvre plus de vie, plus de profondeur, plus de beauté, plus de grandeur. que dans n'importe quel autre paysage puisque seul le désert renvoie, avec (dé)mesure, l'individu à son sort ultime : la solitude. Une musique qui est entrée en moi autant que je suis entré en elle. Une musique qui m'a parlé et que j'ai comprise parce que, enfin, j'ai pu l'entendre.
Deux rencontres donc qui font que, au soir de sa fin, en se retournant, on peut se dire : "Mon chemin ne fut pas vain puisque j'ai fait ces rencontres". Les mots sont nécessairement de raison puisqu'ils ont besoin de l'écriture pour prendre leur envol et, d'abord, leur consistance, leur "chair". Je ne saurai donc dire que j'ai ressenti en vivant ces deux rencontres. Sachez qu'elles ont été et sont. bouleversantes. D'un bouleversement. singulier qu'est ce mouvement par lequel on retrouve-rétablit l'équilibre perdu dans l'errance, le doute, la peine, l'isolement, l'incompréhension, l'indifférence.
Lisez ci-après la courte et incomplète biographie de Maximianno, le court essai qu'il a écrit sur les tempi, l'article de Vincent Arlettaz et allez visiter le site http://www.hodie-world.com.
Juste une "petite" chose encore :
Maximianno, pour des raisons qu'il pourra mieux vous expliquer que moi, est condamné au silence. Silence professionnel en ce qu'il ne peut plus exercer son art: la musique (et quelle musique!). Ce silence de l'oppression est pareil à la mort blanche et donc lente à laquelle sont condamnés, malgré l'abolition de la "peine" de mort, les condamné(e) à l'isolement carcéral qui n'en finit pas de se figer dans l'indifférence générale.
Maximianno est un oiseau dont on a pas coupé les ailes - il peut donc voler - mais que l'on a "muselé" pour qu'il ne chante: qu'est-ce qu'un oiseau volant dans les airs mais ne pouvant chanter si ce n'est l'ombre d'une liberté assassinée, d'une "âme" pétrifiée qui hurle sa souffrance dans le. silence de l'abandon dans lequel on l'a jetée ?
Il faut redonner sa voix à Maximianno car une liberté muselée, même d'un inconnu totalement. inconnu, est une blessure mortelle faite à sa propre liberté. Merci.
JC |